Question du jour : La pulsion est une amie ou une ennemie ? Vous est-il arrivé de vivre des moments d’accalmie ou tout à coup, vos envies dévastatrices de sucre ou de gras cessent de prendre le contrôle sur vous ? Vous savez, ces pulsions cruelles qui nous poussent irrémédiablement à faire le pire pour notre corps et qui ne cessent de nous tarauder tant que nous n’y avons pas donné une fin favorable (fumer, boire, manger etc.)
Mais qu’est ce exactement qu’une pulsion, comment se crée t’elle et y a-t-il des pistes pour ne pas y céder ?
En sens psychanalytique, la pulsion est un terme qui vient du mot latin « pulsio » qui signifie pousser.
La pulsion est définie par Freud comme une « poussée » dynamique qui vise une satisfaction immédiate. Elle prend sa source dans le corps, elle se focalise sur un objet qui lui permettra d’atteindre son but. Son but étant la satisfaction d’un désir et cette satisfaction ne peut être obtenue qu’en donnant satisfaction à l’excitation générée par la pulsion elle-même.
Sur le plan purement physiologique, la « pulsion » génère une décharge électrique physique et réelle qui est quantifiable et visible sur un IRM ou autres types d’examens neurologiques.
Ce phénomène électrique, chacun d’entre nous y est confronté. Personne n’échappe à la création de ses pulsions. Par contre, certaines sont plus dévastatrices que d’autres et certaines personnes savent mieux les gérer que d’autres. J’ai longtemps fumé et cela fait 7 ans que j’ai arrêté par contre, mes envies de sucre, c’est autre chose. Pourtant, j’ai encore parfois des pulsions que me portent vers la cigarette et je réussis à les enrayer sans refoulement ni frustration mais ce satané sucre, c’est une autre affaire… Nous ne sommes pas tous sensibles aux mêmes pulsions ni à la même intensité de ces pulsions.
On distingue 3 grands types de pulsions :
Les pulsions de vie = pulsions d’auto-conservation qui nous répondent aux besoins physiques naturels. Ce sont les pulsions qui nous poussent à manger, boire, nous reproduire. On pourrait comparer cela à l’instinct de survie
Les pulsions de mort = ce sont les pulsions qui visent la destruction, des pulsions qui nous tuent de l’intérieur ou de l’extérieur.
Les pulsions libidinales = ce sont les pulsions qui génèrent du plaisir sous toutes ses formes et l’on ne parle pas forcément de sexe
Dès lors qu’il y a pulsion, alors nécessairement, il va falloir « décharger » cette pulsion !
La problématique de la décharge c’est que celle-ci peut se faire en conscience ou sans conscience…
En conscience, ce n’est pas la pulsion que va le plus nous intéresser car l’origine de sa création aura été identifiée, l’objet sur lequel se porte cette pulsion aura été sciemment choisi et son but sera également parfaitement connu.
Le souci provient évidemment de la pulsion sans conscience, la compulsion…
Certains diront qu’il existe une option : le refoulement, ce phénomène qui consiste à ignorer la pulsion pour ne pas y céder… Très mauvais choix 😉 Toute pulsion déclenchée aura tôt ou tard besoin de s’exprimer et la nier n’est absolument pas la chose à faire…
Réprimer est un acte dangereux, nocif sur le plan psychique et de toute façon parfaitement éphémère car une pulsion refoulée est une pulsion qui viendra s’exprimer, se ré-exprimer et certainement pas dans les meilleures conditions.
Pour autant, il n’est pas forcément question de céder à toutes les pulsions que nous ressentons. Il est plutôt question d’interroger ces pulsions pour en identifier l’origine, l’objet et le but.
Je vais schématiser brièvement :
Je viens de m’engueuler très fortement avec mon conjoint et je suis triste, en colère… Dans les minutes qui suivent, je suis comme par hasard, prise d’une envie irrépressible d’engloutir une tablette de chocolat… Est-ce réellement de chocolat dont j’ai envie ?
J’ai tout à coup une pulsion relativement morbide qui me pousse vers un acte, de prime abord de plaisir consolateur, mais en réalité des plus destructeurs.
Manger cette tablette de chocolat ne règlera pas ce qui, consciemment ou inconsciemment, me fait de la peine. Evidemment, sur le moment, cette pulsion assouvie me donnera une sensation immédiate de « consolation » et même de bien- être illusoire, mais une sensation si éphémère, qu’à moins d’une crise de foie, si la brouille avec mon conjoint persiste, je me jetterais peut être cette fois sur le paquet de gâteau du goûter des enfants…
C’est à ce moment précis de la naissance de la pulsion qui est en train de se projeter sur le mauvais objet, en l’occurrence la nourriture que je peux tenter de faire un choix conscient sur l’objet de mon investissement.
Essayer d’être en pleine conscience de la pensée initiale qui a généré l’envie.
La « magie » de tout cela c’est que si grâce à la réflexion vous identifiez la source et donc le moteur de pulsion, alors la pulsion n’existe plus ! Elle disparaît instantanément puisque identifier sa source, c’est identifier ce qui vous pousse à elle !
Si vous obtenez de vous à vous la conviction que votre envie boulimique de chocolat est simplement liée à l’énorme contrariété de cette brouille avec votre conjoint, brouille qui elle-même a révélé peut être des vieux démons d’abandon, d’humiliation, alors, vous détruisez la notion même de pulsion.
La pulsion est une poussée dynamique qui attend une satisfaction immédiate compensatoire mais que l’on peut déjouer d’une part en essayant d’en identifier la composition et d’autre part en retardant sa satisfaction.
Sans vous empêcher de céder à la pulsion, car il est interdit de s’interdire, vous pouvez vous « contraindre » à 10 minutes de respiration, de méditation, de repos, de pause mentale. A la fin de ce report de 10 minutes, sans jugement négatif, vous devrez vous donner le libre choix de céder ou non à cette pulsion.
Vous pouvez également tenter de changer l’objet de désir vers lequel vous pousse cet instinct primaire de satisfaction rapide et à tous prix. Est- il envisageable de prendre la tablette de chocolat et de ralentir sa descente en choisissant d’en consommer 5 carrés ? Tout en travaillant sur les sensations procurées pas ces quelques carrés (saveur, texture, odeur, sensation au palais etc.) ? Peut être découvrirez- vous avec étonnement que le reste de la tablette ne vous fait plus envie du tout !
Pour les plus aguerries, vous pouvez décider d’investir votre pulsion initiale qui vous dirigeait tout droit vers le réfrigérateur ou l’épicier du coin, vers autre chose. Le sport notamment est un excellent dérivateur de pulsions. Qu’il s’agisse de colère, de pulsions sexuelles, de pulsions alimentaires ou autres, le sport va générer les hormones du plaisir qui vous permettront d’annihiler l’aspect destructeur de cette pulsion dominante.
Enfin, il existerait d’après les scientifiques, un moyen très simple de calmer le schéma pulsionnel et ce serait boire de l’eau ! Ne me demandez pas dans les détails comment agit ce principe sur notre cerveau mais boire une bonne quantité d’eau lorsque nous sommes sous le joute de la pulsion permettrait de la faire disparaître pour un retour au calme.
Si l’on souhaite que les pulsions restent naturelles mais non nocives, car rappelez- vous que nous y sommes tous soumis, il faut veiller à leur complémentarité. C’est l’équilibre des 3 types de pulsions fondamentaux qui permet de mieux les contrôler.
Notre psychisme se porte d’autant mieux que nous adoptons un savant mélange entre les pulsions dites ‘libidinales’ ou pulsions du plaisir et les pulsions de destruction, afin que la grande gagnante de cette fameuse potion soit la pulsion de vie !
Alors soignez vos pulsions et ne vous privez surtout pas de tenter systématiquement d’en identifier la source afin d’interroger au mieux sa raison d’être 🙂
Je vous envoie un gros bisou pulsionnel et j’ai bien identifié d’où me vient cette pulsion 😉
Christelle
Ronde Atomique