Et Miss ceci et Miss cela :)

En ce moment, comme vous avez pu le constater sur les réseaux sociaux, mon univers s’est enrichi de l’expérience de «Jury». Je suis actuellement demandée pour participer à des événements afin d’élire des Miss ou faire partie d’un jury de casting pour trouver des modèles rondes etc. De prime abord, je suis tellement honorée par ces demandes, que je n’ai qu’une envie, c’est de répondre « Oui présente ! » Et d’ailleurs, je réponds bien souvent « Oui présente ! ».  Mais, malgré mon enthousiasme, je me questionne et je cherche à donner du sens à ma démarche. A la base, mon idéologie, c’est de militer pour le bien-être des femmes rondes dans nôtre « belle » société. Mon leitmotiv, est de faire en sorte que ces femmes, trop souvent meurtries, trouvent leur vraie place dans cet univers excluant qui est pourtant le leur, le notre. Cette planète souvent hostile, qui étouffe sous les diktats et le conformisme bien lissé. J’aime valoriser différentes options de beauté et pas seulement celles qui nous sont données à voir comme étant les seules acceptables.

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Du coup, je me demande : -Est-ce bien d’élire une femme au détriment d’une autre ? – Est ce bien de créer une classification alors même que toutes ces femmes nous disent participer parce que toute leur vie elles ont subi la dictature du politiquement pas belle ? -Pourquoi ma présence est- t’elle souhaitable à ce type de manifestation ? -Est ce que j’y vais pour me faire voir ou pour passer un message mais si message il y a, quel est- t‘il ? » Je n’ai jamais caché que je ne suis pas une grande fan des Miss et je suis encore moins fan de la valorisation de telle personne au détriment d’une autre, mais ces concours, parce que j’y ai posé les questions qui dérangent, j’ai pu finir par les apprécier. Ils ont un vrai sens sociologique, si tant est que l’on sache véhiculer ce sens humanitaire. A leur manière, parfois futile et un soupçon cruel, ils aident toutes celles qui s’y présentent à apprendre quelque chose sur elles même.

L’une découvrira que son corps aussi imparfait à ses yeux, fais briller celui de l’autre. Une seconde dépassera sa timidité et prendra possession de son être en se dévoilant dans une plus grande nudité. Comme si paradoxalement plus le fait de se dévêtir permettait de mieux s’appartenir. Une troisième assénera à toute la salle un message, un vrai message humaniste, qui l’espace d’une minute, obligera tout un chacun à se poser les bonnes questions, à se regarder en face. Je ne parle pas de ces phrases clichés qui résonnent comme des slogans publicitaires bien appris par cœur, mais bel et bien de cette émotion dans la gorge qui nous transperce tous d’une façon ou d’une autre car elle trouve une résonance dans notre propre vie. Découvrir que l’on peut porter des talons alors que l’on a dépassé les 100 kilos, ce qui est digne du meilleur équilibriste des meilleurs cirques, se trouver belle dans une robe moulante avec un beau bidon assumé, montrer à tous, cette cellulite si chère à payer au quotidien, tout cela constitue un beau message. Se voir photos après photos avec parfois de la fierté et d’autre foi du dégoût mais toujours de l’émotion, C’est dire à l’autre, j’existe, je suis un être digne, aimable et aimant.

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Tess Holliday

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Pour le public, l’intérêt, au delà du petit voyeurisme qui caractérise tout être humain de base, ces visions répétées de femmes volumineuses, plus volumineuses que celles auxquelles sont habituées nos rétines, c’est un grand pas. Notre cerveau et notre regard sont formatés depuis notre plus tendre enfance à plébisciter des corps minces comme étant l’apanage des corps. Lorsque notre regard, si formaté, peut se baigner dans des fessiers, des ventres, des cuisses, des bras des pieds hors catégorie magazine, c’est un début de re-formatage ô combien positif de nos cerveaux manipulés et engourdis. Parfois cela nous interpelle. Oui même moi, femme grosse, parfois la graisse de l’autre peut me déranger et je trouve nécessaire de me confronter à ces corps ou ces parties de corps qui me renvoient, tout ce que je suis, ou tout ce que je ne suis pas ou tout ce que je n’accepte pas d’être. Toutes mes intolérances, toutes mes interprétations, tous mes jugements de valeur . Tout cela est pris dans un tourbillon mental de moi à moi, qui m’oblige à revoir mon monde intérieur, à refaire, à parfaire ma bienveillance et à faire exploser mes critères qui finalement ne sont pas les miens mais ceux que l’on m’a donné à avaler en gélules, matin midi et soir en posologie abusive !

Pour le public, l’intérêt, au delà du petit voyeurisme qui caractérise tout être humain de base, ces visions répétées de femmes volumineuses, plus volumineuses que celles auxquelles sont habituées nos rétines, c’est un grand pas. Notre cerveau et notre regard sont formatés depuis notre plus tendre enfance à plébisciter des corps minces comme étant l’apanage des corps. Lorsque notre regard, si formaté, peut se baigner dans des fessiers, des ventres, des cuisses, des bras des pieds hors catégorie magazine, c’est un début de re-formatage ô combien positif de nos cerveaux manipulés et engourdis. Parfois cela nous interpelle. Oui même moi, femme grosse, parfois la graisse de l’autre peut me déranger et je trouve nécessaire de me confronter à ces corps ou ces parties de corps qui me renvoient, tout ce que je suis, ou tout ce que je ne suis pas ou tout ce que je n’accepte pas d’être. Toutes mes intolérances, toutes mes interprétations, tous mes jugements de valeur . Tout cela est pris dans un tourbillon mental de moi à moi, qui m’oblige à revoir mon monde intérieur, à refaire, à parfaire ma bienveillance et à faire exploser mes critères qui finalement ne sont pas les miens mais ceux que l’on m’a donné à avaler en gélules, matin midi et soir en posologie abusive !

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Pour ce qui est du jury, c’est une expérience vraiment enrichissante.  Non pas parce que tout à coup on a droit de vie ou de mort sur le physique de telle ou telle personne mais surtout parce que c’est une vraie responsabilité. Editer un classement ce n’est pas ce qu’il y a de plus glorieux mais c’est prendre ses responsabilités. Comme disait je ne sais plus quel auteur célèbre, « choisir c’est renoncer ». Il faut faire avec son propre bagage psychologique car évidement aucun choix n’est objectif. Et puis les critères sont propres à chacun. Moi, je juge un tout, d’autres feront autrement. Une plastique appétissante sans fond, pour moi c’est juste une boite vide. Il faut à un moment trancher dans le vif et cette idée de savoir que nous pouvons faire pleurer de tristesse des femmes déjà trop souvent malmenées par la vie, ce n’est pas une idée avec laquelle j’aime composer. Par contre, ce que je sais aussi, c’est que ce type d’évènement est aussi un moyen d’expression pour les femmes oubliées. Toutes celles qui se sont engagées dans ce challenge l’on fait en connaissance de cause et à l’arrivée, il ne peut y avoir qu’une seule « gagnante » mais AUCUNE perdantes !

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Et puis en tant que jury, un point difficile et très frustrant, c’est de réaliser que tu n’es pas seule et que tu partages ta décision avec un collectif. Ta décision ne prime pas. Tes choix ne seront pas forcément adoptés et tu devras te remettre à un vote collectif. En même temps, ta frustration c’est peu de chose par rapport aux ascenseurs émotionnels que vivent ces jeunes femmes. Une expérience unique qu’elles n’oublieront pas de si tôt, avec son lot de plaisir et sans doute de déplaisir car les femmes sont féroces, grosses ou moins grosses.

Il existe un moment arrêté dans le temps ou toutes ces femmes suspendues à leur verdict et si fébriles se sentent prêtes à défaillir et toi tu sais, toi tu connais la réponse… Cet instant très étrange où la réalité de l’un est aux antipodes de celle de l’autre et tu en as parfaitement conscience, est un moment quasi magique. Même s’il semble teinté dune nuance sadique, c’est je suis certaine, l’un des meilleurs pour les candidates. C’est un peu comme en amour, le moment le plus magique c’est l’avant ! Quand tu ne sais rien de l’avenir et que ton cœur palpite à 100 à l’heure !

Christelle Garrido Ronde Atomique

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