Le surpoids de la culpabilité ou la culpabilité du surpoids ?

  • Pourquoi les femmes rondes se sentent elles si coupables ?

Le Larousse nous dit que la culpabilité est “l’état de quelqu’un qui est coupable, responsable d’une infraction ou d’une faute. Il s’agit d’un Sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire.

  • Fotolia_78067082_Subscription_Monthly_MLa culpabilité serait donc un sentiment éprouvé lorsque l’on commet une faute qui porte tord à autrui ?
  • Mais alors, lorsque je me sens coupable de ne pas réussir à maigrir, coupable d’être grosse, j’ai le sentiment de commettre une faute, une très grande faute pourtant objectivement, quelle règle ai je transgressée ??
Tout au plus, je dérange les standards édictés en règle morale ? sociale ? communautaire ?  Mais est ce que j’enfreins une loi ? Suis- je nuisible aux autres ?

Il existe 2 types de culpabilités d’après Yves Alexandre Thalmann, psychologue de son état :

Il existe une “saine culpabilité” qui nous permet de ne pas franchir la ligne rouge et qui est objective. C‘est  celle qui nous permet de respecter les règles et les lois. Celle qui met un frein à nos pulsions destructrices et qui régule nos notions du bien et du mal.

Mais il existe une culpabilité dite “morbide” Cette culpabilité se manifeste sans qu’aucune faute objective ne soit constatée……

Ca vous parle bien non ? Aucune transgression objective, pas de faute commise au sens stricte du terme !!! N’est-ce pas ce dont souffre toutes les femmes en surpoids ou se croyant en surpoids ??

La culpabilité morbide semble apparaître lorsque nous pensons rendre les autres malheureux, nous pensons faire quelque chose de “mal “, quelque chose qui enfreint les règles, voire même qui enfreint les tabous.

  • Les femmes rondes sont- elles coupables d’être ronde ?

Alors en définitive, Si le tribunal devait juger le surpoids, serions nous condamnées ? Votre surpoids fait il du mal à quelqu’un d’autres que vous ? Enfreignez vous une loi ?

Pour moi et je l’espère de tout cœur pour vous, la réponse est NON, définitivement NON !!!

On peut éventuellement discuter de la responsabilité de ce que l’on ingurgite ou non , encore faut -il être maître des pulsions qui dominent nos comportements alimentaires…

Pourrions nous condamner une personne victime d’anorexie ? NON, celle ci aurait droit à toute notre compassion et compréhension et jamais nous n’ajouterions de culpabilité à celle déjà subit par la personne en souffrance.

Pourtant, Les femmes en surpoids font souvent, trop souvent l’objet de jugements désobligeants et culpabilisants car l’on semble considérer que l’entière responsabilité de leur surpoids leur incombe c’est un peu facile non ? Pour ne pas dire un peu simpliste comme raisonnement intellectuel ?

Ne vous méprenez pas, je ne cherche pas à nous dédouaner de quoi que ce soit mais je refuse que l’on me culpabilise car il faut déjà lutter contre sa propre culpabilité qui est sans aucun doute la plus destructrice !

 La culpabilisation par vous même et par les autres est à bannir et soit dit en passant, elle n’a jamais fait maigrir sur du long terme…

Culpabiliser c’est rendre responsable d’une faute mais votre surpoids est- il de votre responsabilité consciente ? Etes vous totalement maître de “vos excès” ?  S’il était si simple d’arrêter de s’alimenter et ou de grossir, cela se saurait et bien des industries mettraient la clef sous la porte !

Freedom Of Speech Crisis

Qui est le fautif du mal fait aux femmes rondes ?

Finalement, forte de ce constat, je peux me rendre compte peu à peu que ce ne sont pas les autres qui me rendent malheureuse, c’est l’importance que j’accorde aux actions des autres qui me rend malheureuse.

SI l’on vous reproche » d’être trop grosse », ce n’est pas l’autre qui vous rend finalement malheureux, c’est le crédit que vous octroyez à ce que cet autre vous dit ! C’est parce que vous pensez vous même être trop grosse et que vous définissez cela comme une tare et que vous souffrez de ce que l’autre vous renvoie. L’autre peut certes contribuer à “votre malheur” si vous lui en laissez le droit, l’autorisation.

Que votre médecin vous précise que médicalement parlant il serait bon pour votre santé de perdre du poids c’est une chose, qu’il s’exprime en vous disant que “vous êtes trop grosse parce que vous mangez trop et très mal et que pendant Auschwitz, il n’y avait pas de gros”, ça c’est intolérable, inacceptable. Je ne vous raconte pas de cracks, c’est une histoire vraie, cela m’est arrivé…

De la culpabilité découle automatiquement une sorte de besoin inconscient de punition et comme cette punition ne  vient pas réellement, alors nous finissons par nous “punir” nous même pour nous infliger ce que nous croyons mériter… Eh oui, vous êtes votre propre bourreau Triste

Les femmes rondes elles même véhiculent l’idée que leur surpoids est “mal”, que leur “état”est inacceptable et qu’il est normal d’être secouée pour réagir et changer les choses… SVP : ARRETEZ l’auto torture ! 

La culpabilité vous fait grossir ! “Je suis trop grosse, donc je suis moche et incapable de me discipliner pour perdre du poids donc je m’en veux donc foutu pour foutu, je mange et je re-mange, ça au moins ça me fait du bien, un bien très éphémère, telle une dose de cocaïne de plus en plus nécessaire, de plus en plus dictatrice et avec cette cruelle et à la fois douce culpabilité que je connais si bien et qui m’accompagne depuis toujours !”

  • Je suis coupable et j’aime ça Clignement d'œil

Finalement la culpabilité nous donne l’illusion de contrôler la situation. Puisque je culpabilise, je suis donc consciente d’être fautive et je pense avoir le pouvoir de transformer les choses. La culpabilité est un sentiment si connu qu’il en devient presque “rassurant”. Ben oui, si je me sens coupable c’est que j’assume une forme de responsabilité fautive consciente dans absolument tout ce que je fais pour autant, une fois le constat de la culpabilité établit, est ce que pour autant cela change mon comportement ? Evidemment non La culpabilité nous enferme dans nos travers et ne nous aide pas du tout à en sortir…

Je suis coupable d’être grosse, cela signifie, je suis responsable du tord que je m’afflige et que j’afflige aux autres ?! En pensant que l’on est maître de la situation, on se flagelle du soir au matin et cela nous prend beaucoup de temps Sourire  Du coup, nous ne prenons pas de vraies décisions, nous ne faisons pas de choix et donc pas de deuil. Eh oui, faire le deuil, c’est à dire peut être renoncer à des idéaux ? Arrêter de s’objectiver sur l’impossible ? Arrêter de vouloir à tous prix être dans le contrôle absolu de ce que l’on doit ou ne doit pas manger ?

C‘est sans doute  très angoissant de lâcher prise et de se rendre compte que nous ne sommes pas le dirigeant de la situation, tout au plus le spectateur. Mais c’est aussi TRES déculpabilisant.

Il est parfois moins difficile qu’on se l’imagine de faire le deuil de la minceur plutôt que de se détruire mentalement à petit feu, rongée par la culpabilité de ne pas réussir à maigrir ! Tout ce temps perdu en obsessions et pendant ce temps, cette vie qui avance et à côte de laquelle nous passons…

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Se culpabiliser, c’est un moyen de ne pas faire le deuil, un moyen de refuser l’inéluctable mais refuser l’inéluctable, c’est refuser la réalité et refuser la réalité c’est se diriger vers de plus grandes souffrances encore que celle d’être en surpoids…

 

C’est d’ailleurs entre parenthèse un parallèle intéressant : 

Il faut maigrir pour prolonger son espérance de vie, par contre, personne ne nous dit combien de temps de vie nous perdons en passant à côté de notre vie grâce à notre obsession d’essayer de maigrir à tous prix ! Clignement d'œil

 

  • Qui souffre de mon surpoids ? Envers qui suis je coupable ?

Penser que l’on peut faire le bonheur ou le malheur d’autrui, c’est penser que l’on est tout puissant ! Ca manque un peu d’humanité non ? pour ne pas dire un peu d’humilité ?

Vous pensez que votre surpoids vous rend malheureuse ? Peut être mais c’est surtout sa non acceptation que vous fait terriblement souffrir.

Vous pensez que votre surpoids fait souffrir votre entourage ? Alors là, vous êtes plus forte que Wonder Woman et Superman réunis  ! Vous faites la pluie et le beau temps dans le ressenti des autres ?  Première nouvelle ! Vous êtes si forte que vous pouvez influer à votre guise sur les sentiments des autres ?

Alors je vais être TRES claire :

Vous êtes totalement responsable de ce que vos actes et de vos ressentis et pour ce qui est de “l’autre” ( famille, conjoint, ami, ennemi etc. ) Il est totalement responsable de ses actes et de ses ressentis! Sourire

Vous n’êtes pas coupable d’être grosse et si l’autre vous renvoie cette culpabilité à travers son regard, son dédain, sa moquerie etc., dites vous bien que sa réaction résulte de sa décision, de ses émotions, sans doute de ses propres démons et pas de vos actions, pas de votre responsabilité. Vous ne dérangez pas l’autre, c’est l‘autre qui se dérange tout seul et c’est dommage pour lui, pas pour vous ! 

 

  • La culpabilité c’est culturel

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La culpabilité est vécue et ressentie  différemment selon que l’on appartienne à telle ou telle culture. Dans tel ou tel pays, on ne se sent pas coupable  des mêmes choses et pas au même degré.  La “peur de la sanction” est différente d’une partie du globe à l’autre. Plus la société dans laquelle on évolue sanctionne “la faute” ou la “pseudo faute”, plus la culpabilité sera grande et envahissante.

En France, une femme en surpoids se sent souvent très coupable de ne pas avoir le bon IMC car les jugements moraux négatifs sont fort à cet égard. Demandez aux femmes Guinéennes convoitées pour leurs rondeurs si votre IMC est le bon standard dans leur pays Clignement d'œil

C’est systématiquement la peur du jugement négatif de l’autre qui nous fait culpabiliser…

En conclusion les belles rondes atomiques,

Non vous n’êtes pas coupable et répétez le vous tous les jours s’il le faut ! Faites vous faire un teeshirt floqué ou un tableau mais intégrez cette phrase ! NON COUPABLE !

C’est un chemin difficile je vous le concède volontiers car on ne change pas un fonctionnement incrusté dans votre tête et tatoué sur tous les pores de votre peau du jour au lendemain mais c’est POSSIBLE.

On n’anéantira pas toute la culpabilité morbide mais on peut l’identifier, la distinguer et s’en détacher en acceptant d’être juste un être humain avec des failles et des faiblesses.

On se punit tout seul d’une responsabilité qui n’est pas la nôtre au sens propre du terme. Le surpoids s’inscrit dans une histoire , il n’arrive pas là par hasard. Il est la conséquence, il est la résultante , il est le constat mais il n’est pas le diagnostic.

Les explications se trouvent à de multiples endroits, souffrances, génétique, industrialisation, sédentarisation, malbouffe etc.  Le surpoids est à la fois un enjeu personnel et collectif mais c’est tout sauf une affaire de culpabilité.

 

Cette société adore trouver des coupables pour tout et bien là visiblement on le cherche encore et je vous assure que ce n’est pas vous, ça se voit sur votre bouille Clignement d'œil Sourire

Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter !

Atomiquement votre,

Christelle

% commentaires (1)

Excellent article dans lequel nous serons nombreuses à nous reconnaître!

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